Vincent Delecroix, Ascension ( Gallimard, 2017 )

Le narrateur, Chaïm Rosenzweig, est un écrivain sans grand succès " choisi " par la NASA pour faire partie de l'équipage d'une navette spatiale.

 

Cvt ascension 2275

 

A l'origine, Ascension est un roman de science-fiction de Christie Golden s'inscrivant dans l'univers étendu de Star Wars : c'est le huitième roman de la série Le Destin des Jedi qui fait suite aux événements se déroulant dans la série L'Héritage de la Force. Le roman de Christie Golden est paru aux U.S.A le 9 août 2011; le dépôt légal d'Ascension par Vincent Delecroix a eu lieu tout récemment en juillet 2017. Le narrateur, Chaïm Rosenzweig, est un écrivain sans grand succès " choisi " par la NASA pour faire partie de l'équipage d'une navette spatiale.  

 

Rien que le titre, Ascension, est déjà une incitation à l'intertextualité dans le domaine de la Science-fiction et c'est vrai que dès le début du roman le narrateur estime que " le commandant Harold Pointdexter était par imitation le commandant qu'il nous fallait pour cette mission. Surtout, vu son aptitude au mimétisme tant moral que physionomique, on pouvait se réjouir ( avais-je dit à Sergei ) qu'il eût préféré L'Etoffe des héros à L'Empire contre-attaque : nous n'avions évidemment aucune envie d'être commandés par Dark Vador ". 

 

Par ailleurs, contrairement à ce que veut faire croire aux lecteurs le résumé publié par certains sites littéraires, le narrateur d'Ascension, Chaïm Rosenzweig, n'a pas été choisi par la NASA : " Mettons un terme au délire, parce que j'ai d'autres choses à raconter : il n'a jamais été question, en réalité, d'un choix. Le responsable, c'est le hasard d'un tirage au sort. " ( page 37 ). Le narrateur en question  vit une longue et langoureuse période d'entraînement : il s'entraîne avec le reste de l'équipage dans une ambiance délirante. Décidément, ce roman traîne en longueur, en tout cas dans sa première partie. En effet, dès le début, dès la page 21, ce narrateur évoque six mois d'entraînement : " en ce qui me concernait, car les autres, c'est-à-dire Sergei, Beth et Antonio, étant des astronautes professionnels et confirmés, avaient bénéficié d'un allègement de charge. " 

 

Mais la réflexion philosophique qui découle de cette attente, de l'attente du départ de la navette, n'en est pas moins captivante. En outre, " la littérature, c'est fait pour rendre compte du réel, tu vois papa, saisir les problèmes réels … ", puis-je lire à la page 94. Et c'est cela qui me fascine dans ce roman de Vincent Delecroix, c'est cette capacité à rendre compte du Réel, par petites touches … 

 

Du coup, il faut attendre encore des mois avant que Chaïm Rosenzweig finisse par embarquer à bord de la navette avec le reste de l'équipage. Après avoir fait traîner son roman tout au long d'une première partie de 300 pages consacrée à la dernière mission d'une navette spatiale de la NASA qui ne décolle qu'au milieu de cette première partie, Vincent Delecroix surprend le lecteur en générant une deuxième partie sans contenu narratif ou tout du moins avec juste cette phrase : " Ils voyagèrent ".  

 

Puis vient la troisième et dernière partie et alors un passager imprévu - et néanmoins célébrissime - vient soudain révéler sa présence en pleine ascension … Il faudra quelques temps à l'équipage pour découvrir sa véritable identité : " Jésus ". Et d'ailleurs, ils finissent tous par croire que c'est Jésus-Christ. Vincent Delecroix aura ainsi laissé souffler sur son roman un vent de folie … 

 

J'ai beaucoup aimé ce roman de science-fiction au titre motivant. Vincent Delecroix a un style et une langue académiques. D'ailleurs, romancier, il a reçu le Grand prix de littérature de l'Académie française après avoir publié Tombeau d'Achille. Son œuvre littéraire et philosophique est attentive aux actes et expériences existentiels, comme l'amour, le chant et le sacré. Et je crois qu'Ascension ne déroge pas à cette ligne de base littéraire. D'ailleurs dans la troisième partie du roman, le passager que l'équipage n'attendait pas et qui fait petit à petit son apparition finit par dévoiler son identité à cette équipe médusée : il s'appelle Jésus-Christ et qui mieux que Jésus-Christ pour incarner cet amour, ce sacré ? 

 
 

Note : 16/20 - Source littéraire : publication de Serge-René Fuchet sur le site " lecteurs.com "