Egoïsme défensif

Ma motivation : la crainte d’être envahi

Dans un monde parfait, chacun s’occuperait de satisfaire ses besoins sans peser sur autrui. Les relations seraient légères et douces, et, le soir venu, chacun rentrerait chez soi sans être importuné par les coups de téléphone, les sollicitations des enfants et les récriminations du conjoint. Ce monde est pour moi, qui ne rêve que d’indépendance. « Vivre et laisser vivre » pourrait être ma devise. Rien ne me fait davantage rentrer dans ma coquille que les demandes de don – de temps, d’argent ou de services divers.

Je n’éprouve aucune gêne à refuser, quitte à figurer au livre des records de l’égoïsme, et ce pour acheter ma paix. Même si je puis me montrer spontanément très généreux. Derrière cette propension à répondre absent aux différentes demandes se cache une phobie de l’intrusion. Le don est créateur de liens, voire – et c’est une circonstance aggravante à mes yeux – d’intimité. Or, rien ne me rebute plus qu’une intimité que je n’ai pas pleinement choisie, donc que je ne peux pas contrôler. Mon territoire intime n’a-t-il pas été respecté ? Ai-je subi les débordements émotionnels et les demandes excessives d’une mère peu mature affectivement ? Ma tendance à multiplier les liens superficiels et à faire un tri draconien parmi ceux qui deviendront intimes témoigne de ma capacité à rester à bonne distance pour décourager les importuns.

À essayer : « Tu pourrais me rendre un service ? » ; « Je peux passer ce week-end ? » ; « Tu pourrais me prêter ta voiture ? »… Décider de dire oui la prochaine fois que je serai sollicité. Et je verrai : un, que personne ne veut planter sa tente dans mon salon ; deux, que j'ai les moyens de dire stop, si trop c’est trop.