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Jean-Michel Guenassia, De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles ( Albin Michel, 2017 )

En fait, ce roman est d'abord l'histoire de son narrateur, Paul, suivant un point de vue interne.

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Avocat pendant six ans, Jean-Michel Guenassia vit de sa plume en écrivant des scénarios pour la télévision. Il publie un roman policier en 1986, Pour cent millions chez Liana Lévi ( Prix Michel-Lebrun ) puis fait jouer quelques pièces de théâtre. Son éditeur Albin Michel présente cependant Le Club des incorrigibles optimistes publié en 2009 comme le premier roman d'un inconnu de 59 ans; l'ouvrage obtient toutefois le " Prix Goncourt des lycéens " en novembre. Ayant fait l'objet d'un dépôt légal en août 2017, De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles est son cinquième roman paru aux éditions Albin Michel. 

 

En fait, ce roman est d'abord l'histoire de son narrateur, Paul, suivant un point de vue interne. " Je suis Paul, avec mes bosses et mes creux, j'ai dix-sept ans et des poussières et pas de surnom, j'ai horreur de ça. J'ai deux mères et je ne laisserai personne dire que c'est un bonheur ou une félicité ", puis-je lire au début de l'ouvrage. Et au fil de la lecture, je comprends pourquoi il dit cela de ses parents féminins : il aime les filles, ce qui rebute sa mère Léna, homosexuelle militante, qui vit depuis douze ans avec sa compagne Stella.  

 

Or justement, je suis intéressé par les amitiés de Paul, ce narrateur et personnage principal du roman. Amitié masculine avec Alex, qui lui propose même une relation homosexuelle. Amitié féminine avec Hilda, " son premier chagrin d'amour " puis-je lire page 69 après cette caractérisation de la protagoniste : " Elle s'est avancée, j'ai fermé les yeux, elle sentait la vanille, elle a déposé un baiser sur ma bouche. " Outre l'amour, Paul est un fin gourmet et ce lycéen " change de McDo systématiquement " : " j'y vais trois fois par jour , les bons jours quatre, jamais deux fois de suite dans le même, croyez-moi, ce n'est pas de la maniaquerie, par contre j'ai des habitudes … " 

 

Et puis retour aux filles, page 117 : " Au cours de cette mémorable soirée, j'ai croisé un nombre incroyable de femmes, qui m'ont regardé attentivement, considéré, soupesé, souri ( … ) Caroline s'est approchée, m'a souri, elle a mis ses bras autour de mon cou, et nous sommes partis dans un slow langoureux, tournant lentement, collées l'une à l'autre au milieu de cent couples qui se déhanchaient, pivotaient ou restaient immobiles. Elle m'a embrassé. " Puis plus tard, Paul de se demander : " A quoi tient la vie ? " Réponse : " A peu de chose, finalement. A la présence d'esprit de Caroline. Du coup, c'est peut-être cela, " De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles " … 

 

Tout compte fait, ce roman à l'eau de rose est une très belle découverte. J'ai eu tout au long de ma lecture l'impression de suivre la vie de Paul, qu'il voulait simple mais qui ne l'est pas. En somme, Paul m'a raconté sa vie avec tendresse et humour mais justement, si la langue est plutôt littéraire, il convient d'admettre qu'il y a beaucoup de clichés et un humour maladroit, notamment dans la manière de ce narrateur, donc de l'auteur, de traiter du thème de l'homosexualité qui s'avère décidément incontournable dans De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles. 

 

Ce cinquième roman de Jean-Michel Guenasia aux éditions Albin Michel demeure avant tout dans la mémoire du lecteur comme un roman à l'eau de rose. J'ai vraiment eu tout au long de ma lecture l'impression de vivre les confidences de ce personnage narrateur, Paul, qui m'a raconté sa vie. Peut-être s'agissait-il vraiment de l'ambition de l'auteur : faire partager au lecteur la vie d'un personnage conçu à son image. En tout cas le roman n'est pas ennuyeux. 

 
 

Note : 12/20 - Source littéraire : publication de Serge-René Fuchet sur le site " lecteurs.com "

 
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